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Décès - SMLH 26. Hommage à Alphonse Taravello, résistant et pilier du devoir de mémoire
Les obsèques de feu M. Alphonse Taravello se sont déroulées, ce mardi 5 mars 2025, à Romans-sur-Isère en présence du comité de section de la Drôme des Collines Vercors de la SMLH. Son président, Bernard Hermelin ainsi que 24 porte drapeaux d'associations patriotiques de la Drôme et de l'Isère, ont rendu un hommage en l'Eglise de Notre-Dame-de-Lourdes à Romans.
Nous reproduisons ci-après le discours prononcé par M. Bernard Hermellin, président du comité SMLH de la Drôme des Colline Vercors :
“Au nom des associations du monde combattant, des associations mémorielles et de la SMLH, j’ai l’honneur de vous présenter le parcours de notre ami Alphonse Taravello :
M. Alphonse Taravello est né le 8 mai 1925 à Romans, fils d’Octave Taravello et de Jeanne Tarel. Après des études élémentaires au collège puis à l’école Saint Maurice, il suit à 14 ans un apprentissage au métier de bourrelier et à 17 ans, travaille comme sabotier.
Lors de son cursus scolaire, il obtient un brevet de comptabilité à l’Ecole Pigier. Son père crée, en 1925, une société de bourrellerie sellerie, axée sur le travail du cuir et de la toile (sacs, sacoches, gaines, ceintures et harnais de sécurité). Installée initialement sur un terrain appartenant à l’église, l’entreprise doit, en 1930, abandonner le lieu pour occuper une
vielle ferme restaurée où se trouvent ses locaux actuels, non loin du collège Malraux à Romans sur Isère.
En 1942, son père fonde un camp de réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) à Ansage (dans la Drôme) au lieu-dit Les Chaumettes. Dès le mois d’octobre, (il a alors 17 ans), il lui apporte son aide. 80 personnes y transitent pour rejoindre les maquis des environs ou rester sur place.
Il entre dans la Résistance en mars 1943, participe au ravitaillement du Vercors et à des opérations de parachutages à Châteauneuf-sur-Isère. Le 6 juin 1944, son père recrute une vingtaine d’hommes pour rejoindre la Compagnie Piron dite « Daniel ». Alphonse Taravello se joint alors au groupe et prend part aux combats qui se déroulent dans le Vercors.
C’est ainsi qu’il participe aux transports d’armes ou de ravitaillement. A Romans, il assure, en lien avec un postier de la ville et sous les ordres du Capitaine Piron, la distribution d’armes provenant d’un dépôt que son père a constitué dans son atelier de Romans.
Le 26 avril 1944, il participe à l’évacuation du parachutage à proximité de Châteauneuf-sur-Isère en tant que conducteur d’un camion transportant des hommes en armes, en charge d’assurer la défense du lieu et le ramassage des containers de matériel.
Début juillet 1944, il occupe le poste de chauffeur du Capitaine Piron à Presles et le 23 juillet, à la suite de l’ordre de dispersion du Vercors, il participe à la marche forcée, de nuit dans le Vercors occupé par l’ennemi.
Le 22 août 1944, il participe à la Libération de Romans avec la Compagnie « Daniel ». Le 7 septembre 1944, sa compagnie est dissoute. En 1945, la classe d’âge à laquelle il appartient est exemptée de service militaire. Par la suite, son père lui demande de rester avec lui pour l’aider à redresser les finances de son entreprise, ce qu’il accepte avec
enthousiasme et se forme au métier.
En 1949, il obtient le poste de directeur de fabrication. Il dépose plusieurs brevets d’invention relatifs au métier de bourrelier et assure au fil des ans le développement de l’activité de l’entreprise. Il réalise les reconversions nécessaires en raison de la disparition de certaines filières. En 1956, il crée un atelier de mécanique et de serrurerie. Depuis 1968 son entreprise diffuse des accessoires pour le tirage de câbles, notamment en matière de protection des chantiers (les gardes fous, les barrières)
Dans les années 70, il devient le PDG de Taravello S.A. Et en 1985, à la suite des difficultés financières de l’entreprise, il n’hésite pas à prendre sa retraite et devenir PDG sans solde pour sauver l’entreprise. Il restera PDG bénévole pendant 34 ans (jusqu’à 94 ans).
En 2009, il ouvre un magasin d’exposition en zone artisanale de Mours-Saint-Eusèbe « l’Espace Jeanne Octave » en hommage à ses parents. Jusqu’à 99 ans, il a toujours eu une vie très active dans le domaine associatif autour du devoir de mémoire avec : l’ONAC, les FFI de la Drôme, le Souvenir Français, le 11ème cuirassier et les Pionniers du Vercors dont il a été le vice-président de la Section de Romans Bourg de Péage.
Son engagement va au-delà de la mémoire militaire en s’engageant dans le développement du sport et de la jeunesse en tant que président de l’aviron romanais péageois de 1964 à 1989, il y est depuis membre d’honneur.
Le décès de sa première épouse, Madeleine, victime du cancer en 1963 après 8 ans de combat contre la maladie amena Alphonse à s’engager sans compter dans la lutte contre différentes maladies : le handicap, la lèpre avec l’Association Raoul Follereau, le don du sang (avec plus de 100 dons à son actif) et la lutte contre le cancer avec Agir Contre le Cancer – ACC26.
Alphonse Taravello était membre de l’association depuis sa création en 1944 : vice-président de la section de Romans de Bourg de Péage pendant 20 ans puis président d’honneur. Il en assurera la pérennité en mettant sur pied sa relève.
Message particulier de la « Fédération des unités FFI de la Drôme » :
Vivement émue par la disparition du Résistant Alphonse Taravello, la Fédération des Unités FFI de la Drôme et de la Mémoire de la Résistance, présidée par Daniel Cuoq, souhaite transmettre par letruchement du Président du Comité Drôme des Collines-Vercors de la SMLH, le souvenir d’un Résistant courageux qui, volontairement et au péril de sa vie, a contribué à la défense de la Région romanaise et du Vercors ; « Fonfon » participait fidèlement aux différentes commémorations organisées devant le Mémorial de la Résistance « la Drôme debout » à Mirmande, afin de rendre hommage à l’ensemble des Résistants tombés devant l’occupant, sur la terre Drômoise.
Son empathie, sa gentillesse, ses facilités de conteur, de transmetteur de mémoire, à côté d’autres résistants et d’autres passeurs de mémoire, étaient particulièrement écoutées par les quelque 600 écoliers présents lors des journées « des Sentiers de la Mémoire » organisées à Mirmande. M. Alphonse TARAVELLO a reçu les distinctions suivantes : Médaille du combattant volontaire de la résistance (en 1956), Croix du combattant (en 1961), médaille d’Or de la jeunesse et des sports (en 1988), médaille des donneurs de sang.
Au nom de toutes les associations patriotiques ici représentées par leurs présidents et leurs drapeaux, j’adresse en cette triste circonstance à la famille d’Alphonse Taravello nos sentiments de bien vive sympathie et nos plus sincères condoléances.
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