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SMLH 56. Pierre Vilars, 108 ans : Doyen de la SMLH du Morbihan
Ce 5 août 2024, Monsieur Pierre Vilars, le doyen des Sociétaires de la SMLH du Morbihan, et peut-être aussi le doyen des Sociétaires nationaux, a fêté ses 108 ans.
Même si 3 jours avant son anniversaire, une mauvaise chute l’a conduit aux urgences de l’hôpital (vertèbre brisée), il était présent pour la petite réception organisée en son honneur aux Jardin d’Arcadie à Vannes. Pierre était entouré de sa famille et de nombreuses personnalités, à l’initiative de notre Section. Il a été ainsi félicité par M. Pascal Bolot, Préfet du Morbihan, par M. Fabien Le Guernevé, 1er adjoint au Maire de Vannes, par Mme Anne le Hénanff, députée de la circonscription, par Mme Anne Geslin, Directrice de l’ONaC.VG et par le Général Prévost, Président de la Section SMLH du Morbihan.
Pierre Vilars est né dans une famille d’industriels rouennais le 5 Août 1916 à Mont Saint Aignan. Père de 5 enfants : deux filles et trois garçons. Il suit une formation d’ingénieur des Arts et Métiers à Lille et obtient le diplôme en juin 1938. Il mène de front ses études d’ingénieur avec une préparation à l’école des officiers dans laquelle il est admis à Poitiers en septembre 1938.
Il y suit une formation d’équitation très stricte où seuls les meilleurs cavaliers sont retenus. A l’issue de cette formation, il choisit d’être affecté au régiment d’artillerie coloniale basé à Lorient, ville dans laquelle sa sœur Christiane demeure.
Puis la guerre survient.
A la déclaration de guerre, il gagne la Belgique, la Meuse puis Namur avec son cheval Espoir. Puis vient la terrible débâcle, Son régiment compte 500 morts. Il est envoyé en mission dans le sud de la France pour récupérer du matériel d'artillerie. Il regagne Lorient en train en conduisant lui-même la locomotive faute de machiniste. Il participe alors à la défense de Lorient au cours de laquelle il est blessé par un tir de mortier au carrefour des 5 routes à Guidel. C’est alors qu’il est fait prisonnier.
Il part pour l'Allemagne pour être interné dans un camp d'officier à Nuremberg puis à Stuttgart. Il réussit à partir comme volontaire pour aller se battre contre les Anglais en Syrie. C'est alors qu'il fausse compagnie aux allemands et contacte ses supérieurs à Marseille. Il gagne alors l'Afrique à Dakar puis le Burkina Faso où il reste 2 ans.
Il se rallie alors au Général De Gaulle et gagne l’Afrique du Nord en avion en avril 1943. Sur les 5 avions de transport de troupe, 2 avions s'écraseront en raison d’une mauvaise météo. Intégré au régiment d'artillerie coloniale du Maroc à Casablanca il change d'identité à la demande de son colonel. Les allemands le recherchent, il prend alors le nom de Jean-Pierre Blondel.
Il embarque ensuite pour la Corse puis il participe au débarquement sur l’île d'Elbe le 17 juin (opération Brassard). Une fois la libération de l'île d'Elbe achevée, il retourne en Corse pour préparer le débarquement en Provence et participer activement à la libération de la presqu’île de Saint Mandrier.
Pierre Vilars remonte ensuite vers le Doubs, participe à la libération de Villars-sous-Ecot le 10 septembre 44. Puis Mulhouse et la poche de Colmar.
Pierre Vilars obtient une permission pour aller se marier le 27 juin 1945. Dix jours après il rejoint son armée à Strasbourg puis passe le Rhin à Spire, la Suisse puis Karlsruhe et Fribourg jusqu’à la fin de la guerre.
Il débute ensuite sa carrière d’ingénieur en Normandie aux aciéries de Pompey. S’ensuivent les trente glorieuses qui permettent à Pierre Vilars de postuler à une multitude de postes à responsabilités en tant que directeur d’usines. Il a ainsi participé à la fabrication de produits en caoutchouc et de toiles enduites destinée à des bateaux gonflables, des tuyaux d’arrosage, des semelles de chaussures, de feuilles de plastique à usages multiples, des papiers peints, etc....
En 1976, fraichement arrivé à Vannes, il est contacté pour réaliser un audit pour l’usine Tabur Marine, il y restera 6 ans en tant que directeur. A la reprise par le baron Marcel Bich, il reste directeur de l’usine « Bic Marine » avec comme objectif de développer la fabrication des planches à voile. (L’une des premières planches Bic fabriquées à Vannes a doublé le Cap Horn).
A son départ en retraite en 1982, l’usine a fabriqué plus de 100 000 planches à voile sans compter bon nombre des célèbres bateaux Tabur. Le secret de sa longévité : la bonne chair, la cigarette, le bon vin, jamais de sport hormis l’équitation, une volonté de fer et un très fort caractère...
A la fin de la guerre, il avait refusé la légion d’honneur en jugeant qu’il n’avait fait que son devoir. C’est seulement à l’âge de 104 ans, au détour d’une conversation, qu’il a fini par accepter cette belle décoration amplement méritée.
Pierre Vilars a reçu la Légion d’honneur le 8 janvier 2022 des mains du Général Philippe Prévost.