Jacques Alix, alias « Totem rouge », s’est éteint ce 12 juin à l’hôpital de Dax. L’ancien sergent-chef de commando du 8e RPIMa avait 94 ans. Sa carrière militaire exceptionnelle, sa reconversion réussie, lui avaient valu de recevoir la cravate de commandeur de la Légion d’honneur en 2016, seul ancien sous-officier alors titulaire de ce grade du premier ordre national.

À 12 ans, en août 1942, à la suite du raid sur Dieppe, le jeune adolescent né dans une famille très modeste cache des pilotes alliés abattus, au mépris du danger, déjà soucieux de « faire quelque chose » pour libérer son pays. Une fois adulte, il rejoint enfin l’armée pour le défendre, et les troupes parachutistes, qui allaient devenir sa seconde famille.

Jusqu’à son retour à la vie civile, en 1966, il y démontrera toutes ses qualités guerrières et de meneur d’hommes, au plus fort des combats, par exemple dans les rizières du Tonkin et les djebels algériens. De ces engagements, il sortira comme l’un des sous-officiers les plus décorés, croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec 3 citations et croix de la valeur militaire avec 5 citations dont l’une à l'ordre de l'armée.

Le jeune lieutenant de cavalerie Jean-Marie Babaloyne, qui le croisa en août 1960 (et prononcera l’éloge funèbre de « Totem rouge » soixante-quatre ans plus tard après l’avoir assisté dans ses derniers instants...), fut alors impressionné par « l’énergie formidable d’un vrai soldat pour mener à bien ses missions, quelles que soient les conditions, les difficultés à surmonter et les dangers à affronter », mais aussi par son souci d’épargner des vies, qui l’avait poussé à plusieurs reprises en avant, malgré les tirs nourris, pour aller chercher un de ses hommes blessé et tenter de le sauver d’une mort certaine.

Le courage, la volonté et l’humanisme de Jacques Alix s’exprimeront ensuite dans une carrière commerciale puis de chef d’entreprise portant haut les valeurs de son pays. Témoin de ce patriotisme, il faisait flotter tous les jours les trois couleurs dans le jardin de la maison familiale de Saint-Paul-les-Dax, au cœur de ce sud-ouest où il avait finalement choisi de se fixer faisant, une fois retraité, les beaux jours de la section des Landes.

Depuis, le drapeau de Jacques demeure en berne...